PORT DE DEPLAISANCE
Il y a en chacun de nous un mort qui sommeille, c’est le cochon qui le réveille et la bêtise qui l’endort !
Il y a en chacun de nous un mort qui veille, et c’est cela qui rend la vie plus belle encore !
L’amour plus compliqué, les pensées stériles, les mots impuissants, la joie plus évasée, la fraternité plus admirable et l’altérité tout autant nécessaire que l’air et l’eau.
Mal de dos, mal d’essoufflement, nerfs à vif, craintes et crampes de mains…,Ne pas s’arrêter d’écrire et de crier mots, entre les mors du porteplume et le blanc du papier ; écrire c’est la morsure tiède des encres, la tension des tendons, car tout y est greffe, dissection, jets de mots à quelques jets de pierre, prélèvement d’organes. De quel greffon suis-je moi-même issu ?
Quelle transplantation fit de ce jour de sapin une nuit d’ébène ?
De bassin en rade, sur quelle barge passe ta vie ? À quel rafiot se vouer hier comme aujourd’hui ? À quel article se fier ? C'est parce que la mort fornique avec la vie qu'elle est toujours Ob – scène, hors écriture, infâme entre les lignes et les larmes, ignoble jusqu'au-boutisme des stylos-plumes ! Quand un vivant devient gisant, quand le sujet devient objet, c’est toujours « abject » ! À l’horizon, nul paradis ne peut accueillir l’herbe fanée, abandonnons là nos satisfactions faciles, nos faciès tristounets, nos cris pour presque rien, nos attentes intempestives ou notre bête contentement …, pour aller vers l’ailleurs, quittons nos ports de complaisances, nos corps de condescendances, nos sirupeuses condoléances et nos bons mots de circonstance, pour avancer en eau profonde, pour des mers incongrues aux rivages inconnus.
Une faucheuse vint à passer, j’en suis fauché, c’est une Amante areligieuse qui capte nos désirs pour s’en faire de quoi mâcher ! Mais la mort n'est qu'un changement de regard, une distorsion dans l'espace-temps ... La grande suceuse n’a qu’un simple rictus dans le regard, comme une ligne brisée, un trait tiré entre deux rives ...
Hors scène, de plaisance en déplaisance, je ne plaisante guère ! Des agréments d’un jour aux désœuvrements tout n’est que maux, des mots pesants, aux lourds gréements d’amertumes.
La mort lève le voile, elle trace en silence, son sillage obscène d’encre noire avec des traits de cendres froides.
Poète, sur quel vieux gréement, te régales-tu le plus d’espaces écumeux ?
Sur quel embarcadère régates-tu, après cette vie de traits vains et d’une dérisoire boulimie de mots creux ?
Quelle embarcation embarque-t-elle tes rêves les plus fous vers des ailleurs de marbres froids ?
(…)
albums illustrations :
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