Métaphores

Métaphores

"ORIGAMI OU LES OURLETS DÉPLIES A VIF" et "PAPIER CRU"

« Ta peau de jeune ivoire est rose et blanche et jaune un peu » Paul Verlaine, Chansons pour elle.

En illustration : Paper sculpture, une œuvre de l'artiste BERT SIMONS 
artiste d’origine néerlandaise qui réalise de véritables sculptures réalistes en papier.
à contempler sur son site : http://www.bertsimons.nl/z enphoto/paperworks/


Dédicace

Chère Isa,

Avec l’écriture et le dessin, j'ai retrouvé le plaisir du tricot, et en faisant des vêtements de mots pour habiller les œuvres de mes amis de chauds commentaires qui tiennent bien au corps, je trouve un grand réconfort !

Du coup, je tricote du matin au soir, de long en large des articles à l’article de la jubilation ; et des livres aussi pour demain ; et pour les longues soirées d’hiver, je tresse des calligraphies ourdies de laines et de tissus organiques, patchworks au grand format des horizons.

Je viens même d'acheter une machine à coudre les mots sur la toile, et des tissus de couleurs variées, arc-en-ciel à coller sur mes cieux gris. Avec l’été, présent ce matin à Liège, il y a de la métaphore comme Mongolfières toute chamarrée dans l'air ! 

Ainsi, j’ai plein de projets au cœur, dans la tête et dans les mains en cette année 2010 qui sonne l’âge de ma retraite. 



"Origami ou les ourlets dépliés à vif" 
 D’après « Mes Ourlets dépliés à vif de chair & de sang » d’IsaBercée

http://www.facebook.com/al bum.php?aid=21502&id=10000 0020034397&ref=mf


BERT SIMONS - PAPER SCULPTURES -
 
Cet artiste d’origine néerlandaise réalise de véritables sculptures en papier "réalistes". 
http://www.bertsimons.nl/zenphoto/paperworks/

Je n’en ai jamais douté ! Les « ourlets dépliés à vif » ressemblent à s’y méprendre à des métaphores de velours ! 

Au commencement, la page était-elle blanche, vraiment ? Vide et toute virginale, comme « Azédine danse…, vue de dos » pour ne montrer que la partie visible de l’Iceberg, car le réel toujours se cache en grande partie derrière les gros nuages de l’inconnaissance !

Les relations entre l’écrit et l’image, le derme et le terme s’accomplissent ensemble : l’ acte d’écrire est toujours la rencontre de deux être, deux mouvement de vie et de mort, ordre et désordre, rite et rythme, corps fragmentés et paroles éclatées, rature et sutures, marge et nudité …, là où seules les métaphores semblent pouvoir dialoguer avec les questions, et où les réponses reste vagues, se perdant dans la nuit des corps.

Au commencement était le papier et la peau était au commencement ; le rêve aussi certainement était là, et le plaisir avec, mais quel était vraiment le dessin du dessein, le jet du projet sur le mur de la grotte, le pictogramme qui disait déjà : « L’union fait la force », « aimez-vous les uns les autres », « je pense, donc je suis » … ? 

Dans sa solitude de papier, « L’homme aux murmures » griffe l’espace avec ses ongles, il graphe : seules les métaphores tracent leurs longs sillages d’encres dans le Réel invisible ; la danse des signes dit le pluriel et la multitude de nos petites réalités. Face à face au néant, nous sommes seuls ! Quand l’imaginaire se fait creux résonnant, alors la métaphore se fait cymbale triomphante ! 

Quel était le sens des mots du corps, celui des maux, le sens du sang quand le trait du désir et la ligne du plaisir se perdaient en questions à l’horizon ? 

Quelle était la couleur à savourer la forme ? « Ce bleu qui rend aphone » ? La configuration des lieux ? Quel était, au commencement la quête ? Quelle était la respiration profonde de l’arbre à esprits, ceux qui accompagnaient le geste, et marquaient les regards, ces yeux d’enfants qui suivaient les mouvements de la lune et du soleil sur la peau des ancêtres ?

Comment parcourir le texte comme l’œil parcoure le corps ? Comment s’y retrouver dans l’entrebâillement des couleurs et des membres entremêlés, dans tout l’empâtement des muscles, les bourrelets de la graisse de modèles en pleine métamorphose ? Comment devenir plus humain quand on a que des os et des pointes sèches pour écrire l’avenir ?

Couleurs, textes, trait pour trait à croquer, les pages d’un livre font-elles corps avec le lecteur, avec ses exigences particulières, avec l’empreinte de ses mains noueuses, celles qui prennent à plein nœud les envies, et à pleine vie les jeux d’impossibles enjeux ?

Comme « Cavatine au terme de soi », état aux limites « extrêmes », il nous faut entrer dans la danse du toucher et dans la chorégraphie du sacré.
Une oeuvre d'IsaBercée


La texture des scripts et la sensation dans les doigts, l’aspect des feuillets comme méninges à vif…, couleurs, textes, traits portrait …, les toiles du peintre font-elles chair avec le voyeur ? Avec cette joie de faire rythme et mimétisme avec la nature ?

Depuis toujours, la calligraphie des âmes, au pas des mots, de long en large et de haut en bas, se dévoile pour révéler le meilleur de l’humanité à venir.

Entre cerveaux reptilien, limbique et cortex, entre pictogramme, sigillaire et cursive, l’écriture se déroule, se réalise…, peau fripée, ridée par l’épreuve du temps, lèvres mâchées comme le papier du même nom, quarante-sept fois langues traçantes, stylets égratignant, à partir des mêmes sources évaporées qui s’offrent aux nuages les plus gris.

Les Musées se vident d’eux-mêmes, intestins dépeuplés, pour que la rue devienne elle-même la grande galerie de La Galéjade Humaine. 

Sous l’écorce de la peau de chacun, il y a un profond désir à fleur de nerfs, et la peur aussi, enfoncée, qui tressaille au ventre durci ; il y a les souvenirs, vieux de quelques millions d’années d’évolution, de conflits qui prennent formes de graphies et de tags sur les murs de la ville.

Des « Princesses céruléennes » traversent les piétonniers, de leurs lieux de travail aux magasins, elles déambulent, dans la lumière de juin, leurs ombres fantomatiques se fond calligraphiques. 

Comme la peau à la paume s’offre, et l’œuvre aux regards, ainsi les tulles et les dentelles s’exhibent aux mains baladeuses. Dans la nuit la plus noire, le tic tac des pendules lapide le tempo, tout comme la pluie et le soleil se donnent à la terre - papier froissé, terre - papier crépon crépu, à l’orée des feuilles, tout est caresses, poils dans le sens des corps, tout est donné ou à donner.

Mettre le doigt sur le nerf et la plume sur la corde raide. Accroche-cœur des nodosités de feuille, dans l’enchevêtrement des cellules de la peau et les grains du vélin cru.

Aux sentiers impraticables de l’être, pleines trames, pleines rames dans les vapeurs tièdes de l’esprit, les corps sont des casse-tête chinois, de la tête aux pieds, de l’armature des chairs jusqu’aux structures de l’âme. 

Toiles ou papier, marbre ou peau, corps-accord pour des accordailles de diamant, des noces jubilatoires inoubliables. 

« Les ourlets dépliés » d’un trait … comme « Le soleil caresse la peau jusqu’à la salive » ; pâte à papier parchemin, Ingres, Arches …, mi-teinte et passe-partout, trompe l’œil …, les papiers ne compliquent pas la tâche, ils font taches ! Bavures et indices d’une présence « de chair et de sang ». 

Les papiers à peindre comme les toiles à éclabousser ont chaud au cœur quand dansent les mains, quand l’idée se métamorphose en approche tactile, sensorielle et motrice. 

Alors, les mots eux-mêmes se cambrent comme traits et se déhanchent sur la ligne, dedans, dehors … ; les creux épousent les saillies, la main hésitante se traduit en corps accords, encore, dans la vague des replis.

Repos du guerrier, Lana, Canson, Caran d’Ache, sont lits pour coucher l’encre et allonger le corps. 

Les mains débarquent en des terres encore vierges de cri, inconnue à « connaître », frôlant frileusement le Fabriano, crème de papier, l’espace bichromaté semble se fondre au temps, celui d’une épreuve, d’un cliché, d’un regard échangé, le temps d’une tendre caresse au bord de la marge sauvage. 

Comme les doigts fébriles et les gros pinceaux, créatures poilues venues du Neandertal, la plume et le carbone des crayons sondent les replis de l’être, les tournures et les entournures de la forme, à ras bord de sensations tièdes.

Au pays de la toile, territoire de la mémoire millimétrée, quadrillée, à bords frangés, à grains toilés comme des grains de beauté, marbrés comme taches de vin, nervuré, filigrané comme la pulpe des lèvres, tiré comme des cicatrices dans la peau blanche … Papier - chair pour moi - peau, havane ou beige, relié de toute part pour affronter la pesanteur du trait et défier tous les interstices, les ombres les plus claires et le clair-obscur le plus subtil de l’entre-corps.

Cordon dehors, cordons dedans, la ligne des tissus se fait garniture des chairs, couture à ras bords et bordure à border; on peut ourler les peaux comme on hurle les mots et plier le papier cru comme se plie l’humanité devant la nature, rien ne résiste au cri ! 

BERT SIMONS - PAPER SCULPTURES - 
Cet artiste d’origine néerlandaise réalise de véritables sculptures en papier "réalistes". 
http://www.bertsimons.nl/zenphoto/paperworks/


L'art du pliage est un art de la métaphore !

Hommes et femmes de papier, l’art du pliage d’âge en âge génère l’amour.
Hommes et femmes de papier découpé, art « à vif de chair & de sang » qui se donne comme métaphore pour explorer l’inconnu.

 


À en croire le papier, la pesanteur existe afin que l'homme ne puisse écrire plus haut que sa main ! Ainsi, toute écriture est une traversée des lois naturelles, un vol et même trop souvent un viol de l’espace-temps ; un essor plus ou moins lyrique, pour tendre, semble-t-il, de moins de nature vers toujours plus de Culture. 

À en croire les falaises de rames, tout écrit est un cri hors marges ; de plage en page : un écho, et de large en long : un horizon ; un état limite toujours, où gués, marches, seuils, porteplumes …, tels des chemins de traverse, et selon la langue et le sens, garde-fous qui sont là pour guider la main, qui sinon se perdrait de néant.

Sentez-vous « libre » face au papier – laissez le mouvement devenir rythme léger ! 

Le stylet quant à lui, sait de fine pointe de traverse, le sens secret de l’écrit, et verse ainsi son encre aux sillons des rides - l’encre comme le sang ne remontant jamais le courant !

Pour qu’en bas de plage, au sable encore chaud des passages, chaque signature dise la présence de la griffe qui mendie la peau vierge, et la trace de l'homme toujours en quête de graphes nouveaux. Ici, maintenant, les papiers crus savent se faire « accueil », buvards d’amour, absorbant le don sans réserve pour se donner à fond. 
Autographes de Michelangelo Buonarroti, Antonio Canova, Erasmo de Rottherdam, Galileo Galilei, Francesco Guicciardini, Brunetto Latini,
Gottfried Wilhelm Leibniz, Giacomo Leopardi, Carlo Maderno, Guglielmo Marconi, Gregor Mendel, Gioacchino Rossini, Jacopo Robusti, Voltaire ...
Les uns et les autres dans mes amis Facebook, avec la bénédiction du directeur de l'A.S.V. (Archivio Secreto Vaticano).
PAPIER CRU

Oui !

Même si notre passé toujours nous rattrape, il nous faut courir « plus mieux », feindre de ne pas nous laisser distancer, en tirant la ligne plutôt que la langue ; traçant le mot au lieu de faire les sots, 

« Faire le saut » ? Oui ! Avec cette délectation de la plume, qui passe

À la ligne. 

Je vous l’écris tout cru, tout fou, foi de papier mâché ! Croire, croire le papier comme on croit entendre ou percevoir la voie de l’infinie au creux d’un coquillage ; comme on croit voir la lumière éternelle dans les yeux d’un petit enfant. 



Croire très fort, plus que tout au monde, croire le papier cru comme on croit ouïr dans la voix des vents l’aile froissée des grands moulins à mots.

Croire de la croyance nue et fraîche d’un beau matin embaumé par une présence muette; croire d’un crû, participe en passé en présent et en venir, d’un croître, du bon sens premier, celui du cru de la crudité même de l’existence, et celui même de la vie surnaturelle. 

Cru, participe passé, présent pour advenir d’un croire plus fort que nature, plus énervé que culture, comme une rature éternelle, celle qui dépasse la blessure pour voler l’interligne, excluant la distance et la captation de tous les lieux fermés à la grâce.

Papier cru, pour croire à la page blanche de l’homme possible de toutes les possibilités de l’écrit. 

Ne peut-on contempler l’origine de la feuille ou bien celle de la peau, comme on contemple le silence ? En étant dans cette espèce d’état premier, neutre, immobile, modifié d’inconscience, ou le vide engendre le vide, inerte, où rien ne se passe, ou tout se passe de tout..., jusqu’à ce qu’il y ait ce premier cri, cette petite ligne noire, qui, un de ces quatre matins se fait jouir, se fait jour dehors, et chair dedans. 

Jusqu’à ce qu’il y ait cette première petite ride, qui perle quelque part entre le ciel et la terre, et qui se déploie, de long en large, mot à mot, afin que vienne le verbe, pour mettre le feu aux lettres, et mettre tout dans un véritable mouvement circulatoire.

Passage, Pâques dans la pâte à papier et Pentecôte en même temps, dans le même espace, pour mettre tout en traits , donnant le feu vert au feu rouge, dans le branle-bas calligraphique des jeux d’encres, des mécaniques fluides, des porteplumes, et de ces points qui assurent à la virgule, au trait d’union, un doux moment de repos aux âmes fatiguées, sur le grand reposoir bleu des lignes encore vierges de tout.

(...)



Papier cru, 
Pour croire à la page blanche de l’homme possible, de toutes les possibilités de l’écrit. 

Ne peut-on contempler l’origine de la feuille ou bien celle de la peau, comme on contemple le silence ? En étant dans cette espèce d’état premier, neutre, immobile, modifié d’inconscience, ou le vide engendre le vide, inerte, où rien ne se passe, ou tout se passe de tout..., jusqu’à ce qu’il y ait ce premier cri, cette petite ligne noire, qui, un de ces quatre matins se fait jouir, se fait jour dehors, et chair dedans. 

Jusqu’à ce qu’il y ait cette première petite ride, qui perle quelque part entre le ciel et la terre, et qui se déploie, de long en large, mot à mot, afin que vienne le verbe, pour mettre le feu aux lettres, et mettre tout dans un véritable mouvement circulatoire.

Passage 
Pâques dans la pâte à papier 
Et Pentecôte en même temps
Dans le même espace 
Dans les creux
Les saillies des mots 
Pour mettre tout en traits , donnant le feu vert au feu rouge, dans le branle-bas calligraphique des jeux d’encres, des mécaniques fluides, des porteplumes, et de ces points qui assurent à la virgule, au trait d’union, un doux moment de repos aux âmes fatiguées, sur le grand reposoir bleu des lignes encore vierges de tout.




22/06/2010
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