MINERALITE
À l’acmé des mots qui disent l’Essentiel,
En apnée, entre vagues et littérature,
À l’acné de la vie qu’on crève à coup d’angoisses
Cet hommage à la matière, demeure de l’Esprit.
Un poème que je dédie au Père Teilhard de Chardin
De chair et de pierre, l’Esprit habite la matière, c’est le printemps des minéraux.
Depuis que l’encre minérale a la couleur du sang,
La terre tremble comme ventre noueux.
Mauvaise mine des crayons qui s’écrivent,
Mot à mot, dans la craie des falaises potelées,
Comme femmes enceinte d’avenir.
Tout remonte de rien, vers la lumière.
Dans le lance-pierres, j’ai déposé des mots rocheux,
Aux rouleaux des vagues,
Cristaux et pierres brutes,
De grandes et de belles tailles :
Sables et météorites polarisées de sentiments bruts,
Tels les limons de la grève,
Les graviers de la bouche,
Et le sable des yeux après la nuit,
Ainsi que le quartz d’amour,
Qui peuplent les étoiles.
Dieu donna sa terre, ses vagues et son vent
En abondance et gratuitement.
Toute l’eau des océans remplie le néant
Pour y apporter la VIE.
À la Mer, dans tous ses états,
J’ai crié : « à bas les masques ! »
Les cagoules sont tombées à l’eau,
En vapeurs d’écumes violettes.
À Etretat aux falaises maternelles,
Les sels de gemme, cristallisent,
À même nos états d’âme,
Les sels mêmes, y germent, Renaissance,
Pour dire le printemps des minéraux.
Dans le lance-pierres, j’ai déposé des mots rocailleux, comme une voix,
Cristaux et pierres brutes, pierres blanches,
De grandes et de belles tailles,
Pierres philosophales,
Comme tatouées, recto, verseau
DE NOS PROPRES NOMS.
La vague est une machine à polir les diamants
À faire des perles de nos douleurs,
Et des trésors de nos manques.
À même les galets plats,
Des poèmes de gringalets,
Vous pouvez saisir les dessins,
Comme tatoués, recto verso,
De l’empreinte des mauviettes d’eau,
Les avortons peuvent y lire
Le message des vents, et l’écho des falaises :
« Votre sainteté est dans votre pauvreté ;
Et dans vos blessures,
Les pierres de tourmalines noires,
Que les yeux des enfants blonds,
Griffent d’étranges hiéroglyphes. »
Roland REUMOND
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