LES MÉTAMORPHOSES DU RÉEL
(...) Métaphores, homophonies, homologies … Les bambins font-ils des mots d’enfant ou les mots font-ils des gosses ? Les poètes jouent-ils avec les mots ou les mots se jouent-ils d’eux ?
Le juste milieu ne serait-il pas plutôt de l’ordre de l’attraction des mots sur l’homme, au cirque du langage : Pesanteur de la signifiance sur l’humain et prégnance du signe sur la réalité, poids ou gloire (c’est la même chose) des mots dans l’espace et le temps, dans une sorte de « prise de parole », brutale et mouvementée comme on ferait d’une prise de judo.
Prise de mots, de bec à cœur, de bouche à oreille, que l’on peut situer sur la même droite qu’un rituel liturgique ou bien celui des TOC (troubles compulsifs et obsessionnels), ces petites manies littéraires incontrôlables qui vous grisent les pages et vous glissent des pages dans un cercle vicieux qui se fait cercle de fées ou de sorcières selon les bons et les mauvais jours pour que s’écrivent les poèmes.
Spiritualité, math, biologie, linguistique … toutes ces approches sont liées en un hologramme où le Verbe est le Roi des rois ! En mathématique, il existe une homologie de centre, où les points, les associations en liens s’inscrivent sur le même axe du langage en un point d'intersection de la droite ; à l’image des organes anatomiques « issus d’une même structure » embryologique et ayant une même fonction :
par exemple, l’homologie existante entre le bras humain qui tient la plume, l'aile d'un ange ou d’un oiseau.
Tout est lié et tant de choses se cachent derrière les mots que nous pensons, que nous lisons, entendons, prononçons ! Tant d’ambiguïtés se créent en des dysfonctions de la communication : malentendu, sous-entendu, distorsions langagières et confusions diverses.
Ce que chacun peut écrire, dire, lire et signifier exprime tellement de sentiments bien différents chez l’autre qui lit, écoute ou entend. Le Verbe ne se contente pas des mots il se fait mot pluriel, synergie, dynamique, énergie s’associant toujours à la chair, aux idées et aux sentiments, aux gestes et faits.
Pour vaincre tout malentendu et venir à bout de toute confusion, il n’y a pas d’antidote !
La communication est : fusionnelle ou impossible, choux verts et vers choix, vers à soi contre le verre de l’autre, tchin-tchin, comme les bateaux qui « trinquent du ventre » de Colette.
Pure subjectivité : chimère des chimères, monstruosité et création se saillissent, et la morale de cette préhistoire, c’est que l’on ne peut jamais juger du résultat, la vie exploite à tort et à travers le langage des choses pour faire de la vie et de l’amour.
La poésie comme toutes les formes de langage n’échappe pas à cette pesanteur à cette pure subjectivité ! C’est ainsi que, dans l’évangile selon Roland, celui que j’écrie au quotidien, les mots sonnent justes
« pour moi » et font écho à « mes propres choix », mes propres voies, ma voix, mon sens des choses, mes essais erreurs, mes valeurs et mes reniements aussi, mes amours et manques d’amour, associant mes ressentis, mes pensées et expériences, mes gestes à mes paroles, dans une authentique incarnation du verbe.
Parce que l’Essentiel n’est pas dans les mots, et que les mots et sons trahissent toujours quelque chose d’important, on ne peut, me semble-t-il réduire les JDM à des jeux de mots, comme on ne peut réduire la danse à des jeux de jambes, l’enjeu est trop considérable ! Depuis l’origine de notre humanité, entre nos mots de passe et nos entrechats, la magie de la calligraphie tout comme celle de la chorégraphie dépasse notre petit entendement.
Pourquoi les derviches crieurs ou tourneurs, s’exécutent-ils dans un espace d’éternité ? Pourquoi les calligraphes chinois tracent-il des vides pleins d’infinis et des pleins de vides ? Pourquoi les rimes riment-elles toujours et dans toutes les langues à perte d’horizon … l’espace-temps d’une danse, d’une phrase, d’un trait … sur la corde raide de l’Absolu.
Mais il faut reconnaitre que ce sont les mots et les images qui traduisent au mieux l’Essentiel, dévoilant la couche supérieure du réel, comme le gratiné d’un plat cache par pudeur ses dessous les meilleurs.
Les hommes sont tellement éloignés les uns des autres que j’aime les mots qui sont proches, ceux qui se disent, se mirent dans les mêmes sons, se regardent dans les yeux, les cieux, aux miroirs des objets, au mieux des homonymies, des alliances, synonymes, métaphores, coalitions signifiées ou signifiantes, des rapprochements de sons ou d’images …, car en un coin de l’Univers (dont l’univers littéraire n’est qu’un fragment de compréhension) tout est liens intimes et synonymes de toutes choses qui soit. Le Réel est en tout et tout est en Lui, c’est là, la folie du Verbe que de lier les impossibles à tous les possibles ; tendre à l’amour au tournant de la haine …
Métaphores, homophonies, homologies, homofolie, calligraphie réflexe, démence ou folle mécanique que le poète partage à fond les manettes et clés à mots lettres, d’un même mouvement intérieur dont il peut vivre et s’exprimer sans prendre forcément sa dose de Valium.
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