Métaphores

FALAISES 

Entre absence et présence, là où se jette la pensée, 
là où se cogne la volonté et les sens, 
là où ne dit mot le silence des falaises, 
le poète se crée des locutions à lui qui ont comme, 
flux et reflux, la saveur de l’oublie et celle des retrouvailles. 

Flux, reflux, 
Pèlerinages aux sources 

La marée taraude les à pic, 
Des grands escarpements pédagogiques, 
Elle nous apprend LA VIE, 
Nous apprend à vivre. 

Falaises des pentes de la logique, 
Aux frontons des questions métaphysiques, 
Elles nous apprennent à SENTIR et RESENTIR. 

Comme se jouent les cartes d’un Tarot, 
Un pendu entre ciel et terre, tout horizonn 
L’avenir est prévisible dans le marc des eaux troubles. 

Fadaises ! Erodée de balivernes, 
imaginaires réalités, 
Sornettes à couler des jetées de béton 
Sur les plages du REEL. 

Brises d’eaux aux chevaux des vagues, 
Brides d’eaux comme cheveux aux vents. 

Soufflant, courant, crins de sel aux nuages, 
Écriture sur la peau, à la page des eaux. 

Fleurs au sommet des falaises 
Edelweiss aux murailles des yeux. 

Nulle vision ne peut cristalliser le sel ! 

Sculptures des eaux aux paliers froids 
Des clepsydres. 

Faute de boire le cidre bouché des sabliers, 
Le temps se noie d’éternités. 

Brise-larmes aux digues, 
Quais, de tous nos regrets. 

Contre vents et nausées, 
La vague nous essore, nous roule, humide, 
De ses images échouées comme cétacés. 

Transparent aux vents 
Le miroir des falaises se mire à l’estran et l’os. 

Inondation des marais de mes sens, 
Immersion totale, 
Biotope à marée haute dans le regard des eaux. 

Zone de marnage entre nos corps jetés 
En pâture, aux marées de la Mère équinoxe. 

Balancement des eaux au manège des flux. 

Dernière mesure, 
Dernier fragment d’un long voyage, 
Contre sens, 
À la porte des mascarets. 

Falaises, bordées d’or et d’émaux, 
Comme des icônes, fenêtres sur l’invisible. 

Roland REUMOND