Métaphores

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AU DEBUT, IL TRAINAIT LES PIEDS (extraits)

INTRODUCTION


 

La préhistoire de l’écriture a toujours été l’une de mes nombreuses passions ; avant de m’intéresser de plus près aux théories du langage, établissant progressivement des liens, entre autres, entre la préhistoire, l’art, la sémiologie et la psychologie des peuples. 


Généralement les spécialistes situent l’utilisation de l'écriture, vers 3000 avant notre ère, c’est pour eux un critère marquant la fin de la Préhistoire, même si cette datation approximative n’est pas sans poser des problèmes. J’aime pour ma petite part, faire remonter cette origine à la naissance « du trait », aux ratures et hachures diverses qui ont « taillé » l’humain.

La race humaine est « une trainée » dans le règne du vivant ! 

Adolescent pâle et frêle, arpentant les couloirs du « musée de l’homme » et hantant le week-end le « Muséum d’Histoire Naturelle » de Paris ( pour combler mon ignorance et satisfaire mon grand appétit de savoir), j’avais en moi, et cela, depuis ma communion solennelle, un intérêt profond pour la paléontologie et l’origine de la vie.


1958

 

Au mois de mai de cette année 58, comme cadeau, pour ma Communion, aiguisant mon intérêt le plus vif, j’ai reçu des mains de ma grande tante Marcelle, épouse d’un notaire de Bastia, une édition rare de « l’origine des espèces » de Charles Darwin ; la deuxième édition en français (celle de 1873). 

Cette lecture va changer ma vision de la genèse de l’homme et susciter en moi un double appel : celui d’une quête spirituelle jamais terminée et celui des sciences et des arts ; l’un et l’autre seront toujours par la suite présents chez moi.

Et comme par hasard, en cette même année 58, le professeur de dessin de l’école Notre-Dame du Raincy, où je commençais mes études secondaires, nous donna à dessiner « Le sorcier », vingt-cinq mille ans après sa réalisation en la « grotte des Trois-Frères » en Ariège. 

Coup de foudre avec l’Origine, tout comme le fut ma rencontre, sept ans plus tard, avec l’œuvre de Teilhard de Chardin, une aventure entre sciences et spiritualité qui confirmera l’unité de l’appel, pour les origines et le chemin d’humanité, à travers l’Alpha et l’Oméga.

À l’époque, entre Jules Vernes et Darwin, entre thème et version ; Opûs, opûs, operis, operi, opere…, je rêvais déjà en classe, de vieux ouvrages burinés par le temps, de parchemins vieux comme le monde, et de grandes civilisations disparues, à douze ans, c’est normal ! 

Mais 1958, fut aussi l’année de ma noyade durant les vacances de juillet, tel un brusque passage de l’intime à l’ultime, de la mort à la vie. 

Cette année, fut pour moi l’année des grandes initiations, et d'accès à une vision plus personnelle de la vie. C’était la fin d’une l'enfance heureuse et le début d’une grande aventure humaine, un chemin d’ouverture aux autres ( un rite de partage) ; une quête du sens et un passage à l’intériorité, aux parages du dedans et du dehors ; et enfin, un rite de passage entre l'enfance et l’adolescence. 

Si les peintres rupestres avaient raisons, donc j’ai raison !

Même si la présence de peintures dans les cavernes est plutôt rarissime, depuis mes douze ans, je ne peux m’empêcher d’associer la présence de peintures ou de calligraphies primitives, aux grottes, antres et à tous ces « entres », dont les « musées » sont des ex-croix- sens, reliant cette notion d'habitat et de protection (concept très maternel en soi) à l’idée même de « présence ». 

Comme tous les enfants terribles et les poètes aventureux, qui n'a pas rêvé de découvrir une grotte décorée de tags ancestraux, de calligraphies ou de dessins ornant les murs ? Suivant les traces laissées là sur le sol comme un jeu de piste, pour en arriver aux jeux de mots. 

Car perdre l’origine, c’est perdre le nord ! 

Qui n’a pas fantasmé s'installer pour quelque temps dans une caverne, ayant ou pas servit d'habitat à des hommes préhistoriques - Pour y écrire des poèmes où y dessiner des labyrinthes au plus intérieur de soi ? 

C’est pourquoi j’affirme haut et « fort de mon expérience intérieure », que c’est dans l’éternité, que l’enfance de l’art, et l’enfance de l’homme ne font plus qu’un ! Paradoxe de la pénombre, c’est dans les plus rupestres réduits que les ateliers d’artistes ont vu le jour ; et que l’homme pour la première fois a fermé l’œil sur la fresque, pour méditer la vie plus loin que son nez. 

Fait-on un essai ou un poème comme on fabrique un biface, comme on tourne un vase d’argile ou comme on courbe une roue ? Fait-on du réel avec de la prospective, ou en regardant d’où l’on vient pour savoir où l’on va ? 

D’une pierre dure, ou lisse au grain fin, en de pariétales demeures, avec la fine pointe de ma lance, j’ai tiré quelques mots et lancé quelques traits au sol pour entendre la réponse du vent. 

De ma petite expérience en archéologie sur des sites Omaliens, en bon pays Hesbignon , en nos terres wallonnes, j’ai pratiqué le silex et tracé le sol de ma propre main ; j’ai ramassé le tesson, et respiré l’air enfermé depuis des millénaires. J’ai même une filleule, Sophie Desenne, archéologue, qui semble partager avec moi ce goût des vieilles terres riches de secrets.

En compagnie d’un ami, Angelo Filippini, sous la houlette de la Société Royale Belge d’Études Géologiques et Archéologiques des Chercheurs de la Wallonie, et avec ma petite famille, entre Meuse, Geer et Mehaigne, nous avons gratté délicatement le sol pour retrouver nos souvenirs, et à coup de pinceau, nous avons retiré la gangue des pointes de flèches de silex taillés avec beauté comme la prunelle des yeux. 

 


AU DEBUT, IL TRAINAIT LES PIEDS

Grande Terre et Schiste se nommaient ses parents ; il était l’enfant de ce beau schiste feuilleté comme les livres d’antan, primate d'entre les primates, traversé de couches sous l'influence du temps et des contraintes diverses ; des lames étincelantes de micas formaient déjà la fente de ses yeux et toutes les perspectives des cahiers de poésie que l’on garde en secret.

Au début, il trainait simplement les pieds comme le font tous les enfants ; laissant derrière lui, dans la cendrée et le sang, le sable et la poussière, la neige des sommets,dans la terre des plaines et la boue des marécages …, comme des traces d’humanité. 

 

 

Partout où il passait, il laissait ses traces de passage. 

Traçant ainsi des calligraphies de cendre aux escarbilles des mots, gravant déjà le sol des cavernes de ses tags à venir, parcourant des terrains arides et sillonnant des régions inhospitalières, traversant la clairière où rodent les prédateurs et franchissant les torrents où patauge la vie dense.

Au début, il trainait simplement les pieds comme le font tous les enfants. Comme le Pan, le Faune ou le Satire il venait lui-même de la nuit, du labyrinthe éreintant de l’espace aux courbes du temps.

Petit enfant d’une humanité à venir, il trainait les pieds ; quand les dieux et les bêtes faisaient l’amour ensemble, pour faire de l’homme et de la matière à penser, dans toute la profondeur de la matière et le tracé des carnes rebelles.

Au début, il trainait simplement les pieds comme le font tous les enfants ; petit hominidé, n’ayant plus qu’une idée en tête, un seul jeu, un seul feu dans les mains, un seul désir dans le ventre : avancer, chercher, tracer l’histoire de l’homme sur un grand tableau noir aux multiples inconnues. 

Hominis qu’il se nomme, mais toutes les bêtes sur des centaines de lieux le disent cousin et frère de ceux qui ne savent pas tracer, chimpanzés et gorilles, ses alter ego de l’humus et de la nuit.

 

Au début, il trainait simplement les pieds comme le font tous les enfants. Les forêts gardent encore l’empreinte de ses doigts, des brisures de l’arbre, des brulures de l’âtre, des chemins tracés à coups de dents.

De la glèbe exhibé, le terreux est un petit singe nu aux rêves griffonnés, aux pensées chiffonnée comme une vieille peau de singe. Les tourbières se souviennent bien de ses découvertes et de ses jeux au bord de l’eau pure; les grandes herbes couchées gardent encore pour quelque temps la courbure de son corps.

Puis, d’année en année, d’âge en âge, et de génération en chemin, il trainait de moins en moins les pieds comme le font tous les graveurs de pierre, les ciseleurs de galets, faisant flèches de silex fins, travaillant le métal, pour obtenir des gravures à même la roche la plus volcanique ; traçant contre les circonstances de la vie, ce que la trace secrète reste au plus concret du langage, amour et envie de vaincre.

Comme les premiers pas d’une humanité nouvelle, se levant du pied droit pour croiser la main gauche, en lui, Le Verbe se faisait chair pour que l’écriture prenne forme, que le pied bot se fasse mot, et les pieds plats dessins en relief et en perspective. Toutes les callosités du début se faisant « signes », les durillons pictogrammes, les cicatrices graphisme et les premiers boitements, de beaux balbutiements.

Au commencement, il traçait des lignes, épures des tracés à venir, laissant derrière lui les trainées de ses orteils, et celles du plat de ses pieds, des trainées qui disaient déjà le désir de vivre.

Comme un semeur de traces tirant charrue, dans sa nudité animale, de talons et de genoux, traçant des sillons d’être et de semences d’écriture, des germes de barres comme l’os, des marques comme branches calcinées. 

Que d’essais de traits, de lignes, de soulignements et d’ accentuations … avant d’écrire pour dire MO et exprimer le MOA, branle bas des millénaires du MO de mots à moi, du NOUS, du ON au « JE ». 



Puis à l’aide d’un bâton, JE traça la première parabole, laissant sur la surface des choses et dans le sol, derrière son odeur de bête, des trainées intelligentes ; traces du paradoxe des origines et de celle de la transcendance, comme chemin d’excellence ; traces de sublimation en sublimation quand la matière engendre le sublime et dépasse sans cesse l’ordre de la réalité.

 

 

Au début, il trainait simplement les pieds comme le font tous les enfants, et à sa curiosité, s’ajoutait sa capacité à employer des outils, à prendre l’os et la pierre comme témoins du pas, le charbon et le pigment pour souligner en rouge l’évolution, suivant son cours, de précision en prise de conscience, l’outil prenant forme, la forme devenant elle-même outil entre ses mains, au fil de ses observations.

S’imprégnant d’expériences diversifiées, l’écriture impliquant les phalanges distales du pouce et de l'index, le gaucher inventa la lettre et la marche d'escalier, le pas de l’amour jusqu’au pas de la porte, là où le seuil de l’intimité, rejoint l’espace qui se fait ultime et « signes d’absolu » entre je, tu et il.

 

(...)

 



EMPREINTES

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TRACES D'HUMANITÉ, TRACES INDÉLÉBILES

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RETOURNER AUX PREMIERS MOTS

http://www.facebook.com/note.php?note_id=118368587336

 

 

 

 



26/06/2010
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