À LIRE LA PEUR DANS LES YEUX DES IMAGES
À LIRE LA PEUR DANS LES YEUX DES IMAGES
À lire la peur dans les yeux des images,
À respirer la poisse aux mamelons des nuits,
À survivre aux loups à toute heure du jour.
À chanter à tue-tête des psaumes imprononçables,
À rester droit toujours aux piliers de la Terre,
À tenir tête aux échos de tous les bruits d’étreintes.
À caresser les choses qui échappent des mains,
Faire de la poésie à longueur de rivières,
À pousser des coups de gueule aux portes des enfers.
J’apprends à devenir, plutôt qu’à exister ; être au vent, à la mer, au ciel, à la marée.
En vérité, descendre, au-dedans de moi-même, là où pointe l’éclat, où le royaume est Roi.
À donner la parole à ceux que j’accompagne,
À accueillir mes frères avec tous leurs trésors,
À tenir la lumière allumée dans les limbes.
À porter secours à fleur de sentiments,
À jouer du piano sur les notes de l’âme,
À vous écouter dire que la vie ne vaut rien.
À apprendre les mots qui donnent du bonheur,
À préserver l’empreinte, des anges et des absents
À intérioriser jusqu’aux sources de l’être.
J’apprends à explorer des sources inépuisables, où habitent les bêtes, les hommes et même les dieux.
À cheminer ensemble, bras dessous, cœur dessus,
À consoler, encourager, le long des parchemins,
À sourire à la joie, à respirer la vie.
À chanter ritournelles à mes petits enfants,
À sécher les larmes à la chaleur du souffle,
À manger des nouilles sautées sur des mines trop cruelles.
À faire de « la parole » mon banquet quotidien,
À porter des guenilles pour cacher tant de honte,
À avoir si peu d’amour à donner en partage.
Apprendre à empoigner, à plein corps la vie, la chance qui est donnée, à chacune, à chacun.
Prendre la vie du bon côté, pour rattraper le temps qui glisse à son verso.
À sculpter yeux bandés des cathédrales de chair,
À me mêler les pinceaux aux tubes des étoiles,
À me moucher d’orgueil aux pochettes des nuages.
À dire des gros mots qu’on regrette toute sa vie,
À me gausser d’orgueil au lit des hébétudes,
À faire ma sieste au creux des léthargies.
À disperser les mots au-dedans des sillons,
Pour que germe l’horizon au pied de l’infini,
À visiter les ruines que les fantômes habitent.
J’apprends à perdre haleine, au cœur de l’événement, à harponner la vague, avec mes mains fiévreuses, à m’ouvrir au présent, à l’autre et au Tout Autre.
Accueillant la vie pleine, comme elle va, comme elle vient ; et puis jour après jour selon son doux refrain, sans trop me saisir de ce que sera demain, sans peur et sans reproche, apprendre à laisser la vie être vie en moi, à laisser l’amour, être l’amour en moi (…) Sans se faire violence, sans se lasser des faits, des couplets, des refrains, de tous ces petits riens qui font tout le bonheur : les doutes, les cruautés, les échecs, les blessures, comme une chère abondance coulant dans la nature.
À pleines mains applaudir l’aujourd’hui, rendre grâce pour l’aurore et louer le crépuscule.
(…) Fragment
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